Histoire complémentaire du Cap-Vert
Août 1995, archipel du Cap -Vert, à 483 kilomètres des côtes du Sénégal, Afrique de l’Ouest. Si la parole s’en va, l’écrit reste, témoin immortel du temps qui passe et forge les destins… Carole Castiel promène un regard teinté de mélancolie sur le cimetière de Sao Tiago. Elle ôte ses lunettes de soleil, la lumière insulaire éblouit ses yeux verts océan. Elle s’agenouille pour mieux lire les inscriptions en portugais et en hébreu sur les pierres tombales. Les patronymes sépharades gravés sur les dernières demeures des défunts ont bien des consonances marocaines: Anahory, Auday, Benchimol, Benrós, Benoliel, Benathar, Cohen, Lévy, Pinto, Mamane, Seruya, Wahnon… Le cimetière, érodé par les pluies et balayé par le vent iodé du large, est dans un état de délabrement avancé. Le spectacle de désolation est le même dans les carrés juifs des îles de Santo Antao et Boa Vista. Mais il en faut bien plus pour décourager cette jeune journaliste de Voice of America passionnée d’histoire et de culture lusophone : « J’ai traversé l’Atlantique pour tenter de retrouver les traces perdues des aïeux juifs marocains des étudiants boursiers originaires du Cap-Vert que j’encadrais dans le cadre d’un programme universitaire à destination des pays lusophones d’Afrique. Ce voyage a provoqué une vive émotion en moi », se souvient Carole Castiel.