Une histoire singulière et méconnue,
L’histoire des capverdiens d’ascendance judéo-marocaine est aussi singulière que méconnue. Les premiers migrants, originaires pour la plupart de Tanger, Tétouan, Rabat et Mogador sont arrivés dans cet archipel de dix iles vers le milieu du 19ème siècle. Si certains sont arrivés directement du Maroc, beaucoup sont venus du rocher de Gibraltar, en quête de nouvelles opportunités d’affaires dans ce qui était alors un important centre commercial transatlantique. Le contexte politique était également favorable à l’installation libre de ces négociants d’origine sépharade. Le Portugal avait en effet aboli l’Inquisition en 1821 et signé un traité de commerce et de navigation en 1842 avec l’Empire britannique, dont dépendait notamment Gibraltar où certains Marocains de confession juive commerçaient et avaient obtenu la citoyenneté. Ces nouveaux migrants ont élu domicile dans les îles de Santo Antao, Sao Vicente, Boa Vista et Sao Tiago, chacun s’investissant dans le métier qu’il connait le mieux (commerce international, transport maritime, administration…), faisant prospérer ses affaires au fil des jours. Arrivés seuls pour la plupart, minoritaires au sein d’une population majoritairement catholique (le Cap-Vert a été sous domination portugaise de 1456 à 1975), beaucoup parmi eux épouseront des femmes non juives. En raison de cette assimilation, il ne subsiste quasiment aucun Juif pratiquant au Cap-Vert de nos jours, et plus qu’une centaine de descendants de Juifs marocains résident encore sur cet archipel de l’océan atlantique.